Quinze ans après les débuts des discussions, un plan visant à réduire les dommages liés à la consommation nocive d’alcool pour les deux prochaines années a finalement été validé par les autorités belges. Il contient 75 mesures. Les mineurs ne pourront plus acheter d’alcool fort.

La Conférence interministérielle de la santé publique a approuvé le 29 mars le Plan alcool interfédéral pour lutter contre la consommation abusive d’alcool en Belgique. Il s’agit du premier accord de ce type impliquant tous les ministères fédéraux et régionaux du pays.
Les objectifs des 75 mesures incluent l’amélioration des données et des analyses sur la consommation d’alcool, des conditions de publicité et de vente plus restrictives, un meilleur accès au traitement et à la prévention ou encore la réduction des accidents de la route liés à l’alcool.
D’ici 2024, les publicités promouvant les boissons alcoolisées seront interdites de diffusion au moins cinq minutes avant et après une émission de télévision destinée principalement à un public mineur. De même, la publicité dans les journaux et les supports numériques s’adressant principalement à un public mineur sera interdite. En 2025, ces interdictions seront étendues aux salles de cinéma. Les activités de marketing autorisées doivent inclure un avis sanitaire rédigé par les autorités.
À partir de 2023, la vente d’alcool est interdite aux personnes de moins de 18 ans, à l’exception du vin et de la bière qui peuvent toujours être vendus aux mineurs de plus de 16 ans. Tous les spiritueux et les alcools forts sont interdits à la vente, une règle qui manquait de clarté en Belgique car elle tenait compte de la méthode de production et non de la teneur en l’alcool. L’achat de porto, de xérès, de vermouth ou d’un martini sera ainsi aussi interdit aux mineurs en Belgique.
Les distributeurs automatiques ne pourront plus vendre de boissons alcoolisées à partir de 2024. De même, la vente d’alcool dans les hôpitaux dans les stations-service aux abords des voies rapides, mais seulement entre 22 heures et 7 heures du matin, ne sera plus autorisée. Toutefois, les personnes pourront toujours consommer de l’alcool dans la cafétéria d’un hôpital ou dans les restaurants situés à proximité des voies rapides.
Selon une étude réalisée en 2018 par l’institut de recherche en santé publique Sciensano, 6 % de la population belge boit de l’alcool en excès. Les buveurs excessifs sont définis par l’Organisation Mondiale de la Santé par la consommation de plus de 14 unités d’alcool par semaine pour les femmes et plus de 21 les hommes, une unité d’alcool représentant 10 grammes d’alcool pur (250 ml d’une bière à 5 % représentent une unité). Les Belges de plus de 15 ans boivent en moyenne 9,2 litres d’alcool pur par an et la Belgique est le 26e pays qui boit le plus d’alcool par habitant, selon l’OMS.
Le plan prévoit notamment d’étudier l’introduction d’un prix minimum pour l’alcool. Cette idée inquiète l’organisation professionnelle des brasseurs belges, bien qu’elle trouve le programme équilibré dans l’ensemble. En revanche, Vinum et Spiritus, l’organisation professionnelle belge des vins et spiritueux, est opposée à l’interdiction de vente aux moins de 18 ans. « Un mineur ne peut pas apprécier ce qu’est une consommation responsable » avec l’interdiction, a justifié son directeur général Geert Van Lerberghe au journal belge L’Echo. Toutefois, il aurait plutôt envisagé une interdiction totale de la vente d’alcool dans les stations-service, plutôt que pendant la nuit uniquement.
Alors que les discussions sur le plan, entamées en 2008, étaient proches d’un accord, la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), représentant les médecins généralistes francophones de Belgique, a estimé le 15 mars que les mesures étaient « d’une faiblesse et d’une insuffisance coupables ». Elle plaidait pour de mesures plus contraignantes, incluant une interdiction totale de la publicité pour l’alcool par exemple.
La SSMG rappelait que l’alcool était responsable d’au moins 5,4 % des décès en Belgique en 2018 et qu’il était la quatrième cause de décès chez les personnes de plus de 15 ans.
Les 75 actions doivent être mises en œuvre au cours des deux prochaines années, d’autres mesures étant prévues pour 2026–2028.