Le président colombien a ordonné l’utilisation d’une loi qui permet l’acquisition et l’expropriation de propriétés privées afin de reloger des familles en raison des pluies intenses provoquées par El Niña et qui ont conduit à la déclaration de l’état de catastrophe nationale.
Le président colombien Gustavo Petro a donné l’ordre d’utiliser une loi qui permet l’expropriation de biens et de terrains privés afin que les personnes puissent êtes relogées étant donné l’hiver difficile et les pluies intenses qui ont provoqué d’importantes inondations et des glissements de terrain.
Javier Pava, le directeur de l’Unité nationale de gestion des risques de catastrophes (UNGRD) a affirmé le 22 novembre après une réunion avec le président que la loi 1520 pourrait être utilisée. En vigueur depuis 2012, elle détermine la gestion nationale des risques de catastrophes et comprend des articles sur l’acquisition et l’expropriation de terres et de propriétés. Créée sous une administration de droite, l’utilisation de cette loi serait une première dans le pays.
L’État peut acquérir tout ou partie des biens immobiliers indispensables à la réalisation du plan d’urgence, par négociation directe avec les propriétaires ou par expropriation par voie administrative avec indemnisation.
Selon la loi, l’expropriation et le paiement de l’indemnité se font dans un délai de 30 jours. Une fois que l’administration formule une offre d’achat, dont les conditions sont rendues publiques pendant cinq jours, le propriétaire dispose de cinq jours ouvrables pour négocier ou accepter les conditions. En tout état de cause, toute propriété commerciale devient hors service après trois jours, et tout permis ou licence d’exploitation est retiré. Si un accord n’est pas trouvé, la procédure administrative prend quelques jours de plus pour l’expropriation.
L’Institut géographique Agustín Codazzi, l’agence gouvernementale chargée de la cartographie et des cadastres nationaux, fixe la valeur de l’indemnisation et le prix maximum d’acquisition.
Mais les autorités d’un pays où pour la première fois un président de gauche a été élu en juin, ont précisé que ce n’était dû qu’à la situation d’urgence à laquelle la Colombie est confrontée. Selon M. Pava, l’objectif est de permettre le relogement des personnes, temporairement ou parfois définitivement, touchées par les conditions météorologiques actuelles dans des lieux offrant des conditions décentes au lieu de leur fournir un abri dans les écoles et les mairies.
Deux tiers de toutes les municipalités de Colombie touchées par des pluies intenses
Le 1er novembre, le président a déclaré l’état de catastrophe nationale au moins jusqu’à la fin de l’année en raison des pluies intenses, des inondations et des glissements de terrain causés par La Niña. La Niña est le pendant plus froid du phénomène atmosphérique El Niño qui ne se produit pas chaque année mais qui provoque généralement de fortes précipitations en Amérique du Sud.
Au cours des quatre derniers mois, de fortes pluies ont touché plus des deux tiers des municipalités du pays, en particulier dans le centre, le nord et l’ouest de la Colombie.
Selon l’UNGRD, 3 794 situations d’urgence ont été enregistrées dans 881 villes des 32 départements de Colombie entre le 1er août et le 13 novembre. Ce chiffre est déjà supérieur à celui des années 2010 ou 2011, où La Niña avait causé de nombreux dégâts.
À la mi-novembre, la saison des pluies avait déjà causé la mort de 268 personnes et 61 personnes étaient portées disparues. Plus de 700 000 personnes ont été touchées, 6 700 maisons détruites et 116 000 maisons endommagées. Des centaines de ponts, d’écoles et d’autres installations publiques ont été détruits.
Les fortes pluies devraient durer jusqu’en mars avec une intensité moindre en 2023 mais l’Institut de Météorologie (IDEAM) prévoit que les volumes de précipitations seront 30% plus importants en décembre que le niveau historique d’il y a 30 ans. La région andine, qui contient la plupart des zones urbaines du pays dont Medellin et Bogóta, et la région des Caraïbes devraient être particulièrement touchées en décembre.
Dans un discours prononcé le 22 novembre à l’issue d’une réunion avec des dirigeants locaux à Barrancabermeja, une ville située sur les rives du fleuve Magdalena, dont le niveau devrait bientôt atteindre un niveau historiquement haut, le président Petro a déclaré que les deux tâches les plus urgentes étaient la lutte contre la faim et le relogement des personnes. « Nous cherchons maintenant à faire face à l’urgence. Il ne s’agit plus de prévenir les risques, a déclaré M. Petro. C’est une urgence qui crée de la faim ». De nombreuses communautés se retrouvent isolées alors qu’elles doivent recevoir de l’aide.
Le gouvernement a débloqué 2,1 milliards de pesos (415 millions d’euros) pour faire face à la situation d’urgence provisionnée pour l’année par l’administration précédente et espère ajouter du budget supplémentaire pour l’année prochaine.