Les jeux d’argent en ligne sont autorisés aux Pays-Bas depuis moins de deux ans, mais le pays vient d’interdire la publicité non ciblée à cause de la forte exposition aux publicités pour les jeux d’argent et de paris en ligne.
Les Pays-Bas vont interdire la publicité non ciblée pour les jeux de hasard en ligne, a annoncé le ministère de la justice le 19 avril.
Les jeux d’argent en ligne – casinos, blackjack, machines à sous, poker, jeux de hasard, loteries, paris sportifs – sont autorisés aux Pays-Bas depuis octobre 2021. Mais 22 mois après la promulgation de la loi sur les jeux d’argent à distance, les autorités restreignent fortement leurs leviers de communication afin d’atténuer les risques liés à leur utilisation.
Le ministère de la justice et de la sécurité va interdire les publicités vantant les jeux d’argent en ligne à la radio et à la télévision ainsi que les panneaux d’affichage à partir du 1er juillet. Le sponsoring des jeux de hasard en ligne seront également interdits après une période de transition. Les sponsors d’émissions télévisées ou de clubs sportifs, par exemple, seront également touchés par cette interdiction, car également considérés comme des communications non ciblées. Les parrainages d’émissions télévisées resteront autorisés jusqu’en juillet 2024, et jusqu’en juillet 2025 pour les clubs sportifs afin qu’ils puissent trouver d’autres contrats et financements.
Une explosion de la publicité depuis la légalisation des jeux d’argent en ligne
Cette mesure intervient alors que la publicité des acteurs du secteur a explosé en quelques mois, ce qui a rendu « nécessaire un ajustement rapide », selon le communiqué du gouvernement. En septembre 2022, vingt-deux entreprises avaient reçu une licence d’exploitation depuis la légalisation des jeux d’argent en ligne, ce qui a entraîné une forte concurrence pour gagner des parts de marché.
Environ 80 millions d’euros de revenus (montants joués moins les gains payés) sont générés en ligne chaque mois, selon le régulateur des jeux d’argent aux Pays-Bas. La perte moyenne par compte, un même joueur pouvant avoir plusieurs comptes, est de 153 euros par mois. Plus de 23 000 personnes sont inscrites dans un registre, auquel les sociétés agréées doivent être connectées, qui les empêche de jouer.
« La publicité est nécessaire pour promouvoir l’offre légale de jeux en ligne afin que les gens ne jouent pas illégalement. En même temps, en tant que gouvernement, nous avons le devoir de protéger les groupes vulnérables des risques liés aux jeux de hasard en ligne. Avec cette interdiction, les groupes vulnérables, en particulier les jeunes, seront moins exposés à ces publicités et nous limiterons la tentation de s’engager dans des jeux de hasard risqués », a déclaré Franc Weerwind, le ministre de la Protection juridique affilié au parti social libéral Democrates 66.
« Un nouveau pas dans la lutte contre l’industrie des jeux de hasard avide d’argent – et enfin débarrassée de ces publicités irritantes », a réagi à l’annonce Mirjam Bikker, la responsable du parti de l’Union chrétienne.
En 2021, lorsqu’il a autorisé les jeux d’argent en ligne, le gouvernement justifiait la mesure par le fait que cela permettrait de superviser et de contrôler l’industrie, de protéger les joueurs qui vont déjà illégalement sur des sites étrangers non licenciés et parfois peu scrupuleux, et de mieux prévenir les risques d’addictions.
Inquiets de l’augmentation rapide de la quantité de publicité, les membres Chambre des représentants demandaient au gouvernement de modifier la législation depuis plus d’un an.
La publicité ciblée reste autorisée
Deux mois seulement après l’autorisation effective des jeux d’argent en ligne, la Chambre des représentants a adopté une motion visant à interdire la publicité non ciblée, y compris le reciblage des utilisateurs ayant visité un site internet, à l’initiative de Mme Bikker, de Michiel van Nispen, membre du Parti socialiste, et d’Anne Kuik, de l’Appel chrétien-démocrate. L’Union chrétienne et l’Appel chrétien-démocrate sont des partis minoritaires au sein de la coalition gouvernementale.
En octobre, Mme Bikker avait plaidé pour une interdiction immédiate de la publicité non ciblée afin qu’elle entre en vigueur avant la Coupe du monde de la FIFA qui se déroula au Qatar en novembre et décembre, au milieu des appels au boycott de la compétition aux noms de la protection de l’environnement et du respect des droits de l’homme.
Les paris sportifs en ligne sont très populaires parmi les amateurs de sport, et particulièrement les jeunes. La quasi-totalité des 18 équipes de l’Eredivisie, la première division de football des Pays-Bas, sont partenaires d’une société de paris en ligne. Dick Advocaat, entraîneur qui fut trois fois sélectionneur de l’équipe nationale des Pays-Bas, ou encore Wesley Sneijder, finaliste de la Coupe du monde 2010, sont quelques-unes des personnalités publiques qui sont devenues égéries de sites de paris en ligne.
La semaine dernière, la Premier League anglaise a annoncé qu’elle n’autoriserait plus les sponsors de paris en ligne sur les maillots des équipes à partir de 2026. L’année dernière en Belgique, un décret royal avait interdit toute forme de publicité pour les jeux d’argent et de hasard.
En juin dernier, M. Weerwind a interdit l’utilisation de célébrités pour promouvoir les jeux de hasard après que plusieurs personnes connues commencèrent à apparaître dans des publicités vantant les mérites des jeux d’argent. Il avait également annoncé qu’il travaillait à une interdiction de la publicité non ciblée. Puis, en octobre, il a indiqué que le texte ne serait pas prêt en janvier, mais probablement en mars 2023 en raison des procédures législatives.
La publicité ciblée sur l’internet, les réseaux sociaux, les plateformes de vidéo à la demande ou encore le boîtage resteront autorisés. Mais alors que les jeux de hasard sont autorisés à partir de 18 ans, la publicité devra cibler clairement les personnes âgées de plus de 24 ans, et les entreprises devront être en mesure de prouver qu’au moins 95 % des personnes touchées par la communication étaient âgées de plus de 24 ans.