Pour réduire le nombre d’hippopotames sauvages en Colombie, les autorités du département d’Antioquia envisagent d’envoyer certains de ces animaux à l’étranger. Introduits illégalement par l’ancien trafiquant de drogue Pablo Escobar, le pays a déclaré l’an dernier que les hippopotames étaient une espèce envahissante.
Le gouverneur du département colombien d’Antioquia, Aníbal Gaviria, a déclaré le 1er mars qu’ils travaillaient sur le transfert d’hippopotames sauvages hors du pays avec des partenaires mexicains.
À Antioquia, et plus précisément près de Puerto Triunfo et du fleuve Magdalena, vivent environ 130 hippopotames, une espèce native d’Afrique qui a tellement prospéré en Colombie au cours des dernières décennies que le pays a déclaré l’an dernier que les hippopotames étaient une espèce envahissante.
Quatre hippopotames, trois mâles et une femelle, ont été initialement introduits illégalement en Colombie en 1984 par l’ancien trafiquant de drogue Pablo Escobar dans son ranch, l’Hacienda Nápoles, près de Puerto Triunfo.
Le ranch a été abandonné pendant des années après que la police a tué M. Escobar en 1993. Cependant, les hippopotames ont survécu, se sont reproduits et se sont installés dans les rivières environnantes, bénéficiant de conditions climatiques favorables et de l’absence de prédateurs pour s’attaquer aux plus jeunes.
L’Hacienda Nápoles de Pablo Escobar a depuis été transformée en un parc à thème, avec un parc aquatique et un sanctuaire animalier accueillant des animaux sauvages, des singes, des perroquets, des éléphants, des zèbres et même des hippopotames.
Mais les hippopotames ont commencé à apparaître à l’état sauvage il y a une dizaines d’année autour de Puerto Triunfo, une ville de 17 000 habitants située près du fleuve Magdalena. La Colombie est le seul pays hors d’Afrique où des hippopotames vivent à l’état sauvage.
Les scientifiques ont prévenu qu’ils représentaient un problème potentiel pour la biodiversité, qu’ils pouvaient avoir un impact sur l’habitat des espèces indigènes et devenir une menace pour les cultures et les humains. Les hippopotames sont considérés comme l’un des animaux les plus dangereux pour l’homme, bien que seules quelques blessures aient été enregistrées jusqu’à présent en Colombie.
En quarante ans, la population d’hippopotames sauvages aurait atteint plus de 130 individus et devrait dépasser les 400 d’ici huit ans.
Par conséquent, en mars dernier, le ministère de l’Environnement a déclaré les hippopotames espèce envahissante en Colombie, permettant d’allouer plus de ressources du gouvernement national pour gérer la population de l’espèce. Mais un an plus tard, hormis un programme expérimental d’immuno-castration et la stérilisation d’une femelle par ovariectomie, il n’y a pas toujours pas de plan clairement défini pour contrôler une population dispersée dans une zone de plus en plus grande.
Ainsi, la semaine dernière, deux Mexicains très actifs sur leurs réseaux sociaux, Ernesto et Amado Zazueta, ont partagé qu’ils se sont rendus dans la région pour « sauver les hippopotames envahissants. »
Le père et le fils gèrent Ostok, un sanctuaire de protection des animaux situé dans l’État de Sinaloa au Mexique. Ernesto Zazueta est aussi le président d’Azcarm, une association civile qui travaille à la préservation de la vie animale avec les zoos.
Ils ont rencontré Lina Marcela De Los Rios, responsable de la protection et du bien-être des animaux au secrétariat de l’environnement d’Antiquiotia, et la Cornare, une entité locale de défense de l’environnement qui travaille sur la gestion des hippopotames, afin de discuter d’une solution pour les animaux.
Les deux Mexicains ont manifesté leur intérêt pour le transfert de 70 hippopotames au Mexique et en Inde, selon le gouverneur le 2 mars (il parlait de 60 hippopotames lors d’une session de l’Assemblée la veille). Dix hippopotames seraient envoyés dans leur refuge au Mexique. Les 60 autres animaux seraient envoyés dans un autre parc en Inde.
Les coûts de transfert, selon des estimations larges de la Cornare, pourraient s’élever à un million de dollars.
M. Gaviria pousse désormais pour obtenir l’aval du ministère de l’Environnement et de l’Institut agricole colombien (ICA) afin que ces potentiels mouvements sans précédent pour le pays deviennent réalité. Mais le transfert d’animaux sauvages dans des parcs ou traiter avec des parties privées peut être sujet à controverse.
Toutefois, un tel transfert nécessiterait un travail logistique et une préparation considérables, et le processus n’en est qu’à ses débuts puisque la famille Zazueta a pour le moment uniquement fait part de son intention de prendre en charge les hippopotames. Rien ne s’est encore concrétisé, a estimé David Echeverri, biologiste de la Cornare, à El Colombiano.
Des personnes de l’Équateur ou de l’Inde ont auparavant exprimé un intérêt similaire mais sans que cela n’aille plus loin.