Sint Maarten va éliminer les vervets, souvent appelés singes verts en France, une espèce de singes considérée comme envahissante dans ce pays dépendant des Pays-Bas qui partage l’île avec le territoire français de Saint-Martin. Mais il n’est pas assuré que la méthode s’avère efficace.
Les vervets sont une espèce de singes considérée comme envahissante à Sint Maarten, cet État autonome dépendant du royaume des Pays-Bas dans la mer des Caraïbes. Et le gouvernement a approuvé le projet de tous les éliminer par euthanasie.
En décembre, le ministère du tourisme, des affaires économiques, des transports et des télécommunications du territoire a approuvé le financement de 100 000 florins des Antilles néerlandaises (51 000 euros) par an pour se débarrasser du petit primate sur l’île, selon The Guardian.
Environ 450 singes vervets, communément appelés vervets bleus (Chlorocebus pygerythrus, ou Chlorocebus sabaeus qui sont eux communément appelés singes verts), vivent à Sint Maarten selon des observations effectuées en 2021 qui sous-estimaient très probablement la réalité. Et leur nombre a sans doute augmenté depuis.
Est considéré comme une espèce exotique envahissante un organisme non indigène qui affecte négativement son nouvel environnement.
Ces primates peuvent endommager la végétation, y compris les espèces endémiques, dans laquelle ils vivent et dont ils se nourrissent, selon la Nature Foundation St Maarten. De plus, comme ils peuvent occasionnellement manger des oiseaux, des œufs d’oiseaux et des insectes, “les populations d’oiseaux indigènes et migrateurs sont susceptibles de diminuer”, si “la population des vervets continue à augmenter de manière incontrôlée”.
La Nature Foundation est une organisation environnementale à but non lucratif à laquelle le gouvernement donne autorité pour gérer les écosystèmes marins et terrestres de Sint Maarten.
Les singes sont aussi une source d’inquiétude au niveau sanitaire en raison des risques de transmission de maladies à l’homme. Mais les singes verts, qui ne sont pas considérés comme une espèce en danger, sont également une cause de nuisance pour les résidents et infligent des dégâts aux cultures. Ils vivent principalement dans les zones avec beaucoup de végétations dans les hauteurs de l’île. Les résidences environnantes doivent composer avec les primates toute l’année, mais descendent par groupe dans les champs et dans les résidences en aval pendant la saison sèche pour se nourrir. De plus, les singes se sont familiarisés avec la présence des humains, s’approchent plus facilement d’eux à la recherche de nourriture et sont parfois agressifs. Certains résidents se sentent peu rassurés par leur présence.
De décembre 2020 à mai 2021, la Fondation Nature St. Maarten a été chargée de mener une étude pour élaborer un plan de gestion durable afin de contrôler la population de cette espèce envahissante.
À l’époque, la fondation considérait que l’abattage des singes serait une solution à court terme dont ils se remettront facilement, ce qui conduira à une population similaire seulement quelques années plus tard. Elle préférait la stérilisation, une solution de contrôle de la population considérée comme une approche plus humaine et privilégiée par les défenseurs des animaux, ce qui, en revanche, peut prendre plus de temps.
Mais à la fin de leur étude six mois plus tard, la fondation a recommandé l’euthanasie des singes vervets. Les locaux à qui l’on a demandé leur avis préféraient cette solution.
« Cette solution serait la plus efficace en termes de temps et de coût et a reçu le plus de soutien de la part des résidents”, a expliqué la Nature Foundation St. Maarten dans son rapport de 2021. “C’est une décision difficile à prendre sur le plan moral et de nombreux aspects doivent être pris en compte. Donner la parole au public pendant ce processus permet de s’assurer que l’île soutiendra les futurs projets de gestion.”
Un sondage effectué sur le terrain a montré que 54 % des 143 personnes interrogées (environ 40 000 personnes vivent à Sint Maarten) considéraient l’éradication comme la meilleure solution de gestion, une personne sur trois préférait la stérilisation et seulement 13 % ne voulaient rien faire. Cinquante-neuf pour cent des répondants avaient moins de 50 ans. Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir des singes autour de leur maison et 41 % en avaient peur.
Les autorités de St. Maarten financeront l’ONG pour capturer et euthanasier les singes au cours des trois prochaines années.
Mais Dave Du Toit, fondateur de la Vervet Monkey Foundation en Afrique du Sud, d’où l’espèce est originaire, a déclaré à The Guardian que l’abattage avait peu de chances de fonctionner.
Les singes ont prospéré dans cet environnement et n’ont pas de prédateurs naturels pour contrôler une population qui a de fait un taux de survie élevé. Les femelles donnent généralement naissance à un petit par an, ce qui signifie que la population totale peut en théorie presque doubler tous les deux ans.
De plus, les autorités françaises n’ont pas précisé à ce jour si elles prévoyaient de contrôler la population, ce qui rendrait très probablement le plan inefficace.
L’île de la mer des Caraïbes est en effet séparée en deux avec la France et la collectivité d’outre-mer de Saint-Martin. Avec un total de 87 kilomètres carrés, Saint Martin/Sint Maarten est même la plus petite île habitée au monde partagée par deux pays. Sint Maarten, pays constitutif du Royaume des Pays-Bas, se trouve dans la moitié sud de l’île. Mais il n’y a pas de frontière naturelle avec Saint-Martin, ce qui fait que les singes sur la collectivité française d’outre-mer, qui représente 56 % de l’île, pourraient tout de même repeupler toute la zone à court terme.
Saint-Martin et Sint Maarten ont commencé à échanger sur les singes verts en 2015. Saint-Martin les appelle plus communément singes verts, Chlorocebus sabaeus, plutôt que singes vervets, Chlorocebus sabaeus, qui sont deux espèces très proches. Mais souvent les actions en commun se heurtent à des législations différentes. Le service Environnement de la Collectivité de Saint-Martin, le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature et la Réserve nationale de Saint-Martin n’ont pas répondu aux questions posées par Newsendip sur le sujet.
Les vervets et singes verts sont originaires du sud-est de l’Afrique. On les trouve également en grand nombre sur d’autres îles des Caraïbes, comme Saint-Kitts, Nevis et la Barbade.
Il y a quelques années, Saint-Kitts avait tenté de contrôler la population de singes en les tirant au fusil, sans grand succès.
Ils avaient été introduits dans les Caraïbes comme animaux de compagnie exotiques aux 17ème et 18ème siècles. Ils ont été gardés comme animaux de compagnie à St. Maarten pendant des décennies et, échappés ou relâchés, ont constitué la base de la population de singes sauvages de l’île. La première observation de singes sauvages enregistrée sur l’île remonte aux années 1970.
Environ une quarantaine d’autres espèces sur l’île de Saint-Martin sont considérées comme envahissantes, telles que l’iguane commun, la mangouste et le poisson-lion.