À Oslo, un sondage mené auprès de plus de 25 000 lycéens montre que la majorité d’entre eux ne consomment pas de drogues. Mais la consommation de cocaïne a doublé en deux ans.
Une étude norvégienne montre que la consommation de cocaïne a fortement augmenté en quelques années parmi les adolescents d’Oslo, la capitale de la Norvège.
Selon Ung i Oslo 2023 (Jeunes à Oslo 2023), 8 % des élèves de l’enseignement secondaire supérieur ont déclaré avoir pris de la cocaïne au moins une fois au cours de l’année écoulée. C’est deux fois plus qu’en 2021 et presque trois fois plus qu’en 2018, où 3 % avaient déclaré avoir consommé de la cocaïne au cours des douze derniers mois.
En Norvège, les écoles secondaires supérieures sont similaires aux lycées, les élèves étant généralement âgés de 16 à 19 ans lors du dernier cycle avant le supérieur.
Par ailleurs, 17 % des garçons et 8 % des filles dans leur dernière année de lycée ont déclaré avoir pris de la cocaïne au cours des 12 derniers mois.
Malgré cette forte augmentation, les consommations d’alcool et de marijuana restent les plus répandues, à des taux relativement stables depuis 2018.
En 2023, 34 % des lycéens d’Oslo ont déclaré avoir été ivres au moins une fois au cours de l’année écoulée, et 16 % ont fumé du haschich ou de la marijuana au moins une fois dans l’année. La consommation d’alcool et de marijuana a augmenté, mais seulement de quelques points de pourcentage en deux ans, même si les changements sont généralement moins abruptes à mesure que l’échantillon de population s’élargit.
« Cependant, nous prenons l’augmentation des déclarations de consommation de cocaïne au sérieux, a souligné Anders Bakken Anders, directeur du Centre de données sur la jeunesse du Centre norvégien de recherche sociale (NOVA), qui a dirigé l’étude. La cocaïne est une substance addictive et dangereuse, qui peut augmenter le risque de blessures et d’accidents graves. »
L’étude a été menée par l’institut de recherche NOVA, qui effectue l’enquête sur les jeunes d’Oslo pour le compte de la municipalité depuis 1996. Un questionnaire a été remis aux élèves de 83 établissements du secondaire inférieur, les élèves étant généralement âgés de 13 à 16 ans, et du secondaire supérieur entre janvier et mars 2023. L’institut a recueilli plus de 25 000 réponses d’élèves, soit un taux de participation de 69 %.
Pour Willy Pedersen, professeur à l’université d’Oslo qui a participé à l’étude, la consommation de cocaïne est souvent associée aux fêtes. Et le Russefeiring (la célébration russ) est une période particulièrement propice à la consommation de cocaïne.
En Norvège, la Russefeiring est une période qui fête la fin du lycée avant l’examen final et les études supérieures. Les festivités étudiantes durent près d’un mois et s’achève le 17 mai, le jour de la Constitution, la la fête nationale norvégienne. Pendant cette période, les élèves se déguisent, se lancent quelques défis légers ou distribuent des fausses cartes de visite que les enfants collectionnent.
Mais c’est aussi une période de fête intense. Nombreux sont ceux qui achètent ou louent un véhicule ou se regroupent et cotisent pour prendre un bus qu’ils décorent, un « russebuss », afin d’y faire la fête et se rendre aux soirées. « Nous savons que les jeunes qui sont dans les bus russ sont particulièrement vulnérables » pour consommer de la cocaïne, selon M. Pedersen.
La consommation de cocaïne associée à la fête et aux quartiers aisés d’Oslo
Si les jeunes d’Oslo consomment plus de types de drogues différents que dans le reste du pays, en particulier des stupéfiants, le rapport note des variations plus frappantes à l’intérieur même de la plus grande ville du pays. Les jeunes des quartiers les plus aisés d’Oslo font état d’une meilleure santé, d’une plus grande activité physique, mais aussi d’une plus grande consommation de drogues, notamment d’alcool et de cocaïne.
La consommation augmente également avec l’âge, puisque près de 60 % des élèves de la dernière année de lycée (Vg3) à Oslo déclarent boire de l’alcool au moins une fois par mois. En 2023, 38 % des garçons de Vg3 ont déclaré avoir consommé du cannabis au moins une fois au cours de l’année écoulée. Toutefois, la plupart des lycéens pensent que le cannabis devrait rester illégal en Norvège, puisque seuls 37 % d’entre eux sont favorables à un changement, contre 40 % en 2021.
Désormais, presque plus aucun jeune ne fume des cigarettes en Norvège. En 1996, l’enquête Young in Oslo a montré qu’un jeune sur quatre fumait des cigarettes quotidiennement, contre seulement un adolescent sur cinquante aujourd’hui.
En revanche, l’utilisation des e‑cigarettes a rapidement augmenté. En 2023, 17 % des étudiants ont déclaré utiliser des e‑cigarettes occasionnellement ou quotidiennement, contre 5 % en 2021, la première année où les e‑cigarettes ont fait partie de la recherche.
Une caractéristique norvégienne est de sniffer le tabac au lieu de le fumer. Alors qu’au milieu des années 1990, pratiquement aucun jeune ne sniffer du tabac en Norvège, 7 % des étudiants sniffent aujourd’hui du tabac, avec une légère augmentation depuis 2021.
Néanmoins, la grande majorité des étudiants d’Oslo déclarent ne pas consommer de drogues. Ils semblent également plutôt satisfaits de leur vie. Dans le questionnaire, 90 % des étudiants ont répondu que leur vie était bonne.