La Centrafrique, premier pays africain à adopter le bitcoin comme monnaie légale

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28 avril 2022

La Centrafrique est devenue le premier pays africain à adopter le bitcoin comme monnaie officielle, et le deuxième au monde après le Salvador. Pourtant, seule une petite partie de sa population a accès à Internet.

Bitcoin

L’Assemblée nationale de la République centrafricaine a adopté à l’unanimité une loi faisant du bitcoin une monnaie légale dans le pays avec le franc CFA. Les parlementaire ont également légalisé le minage et l’utilisation des crypto-monnaies, qui deviennent toutes convertibles avec les monnaies officielles de Centrafrique.

Le président Faustin Archange Touadera a promulgué loi, selon le ministre d’État et directeur de cabinet de la présidence Obed Namsio dans un communiqué publié le 26 avril. « Cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde », selon le communiqué.

De nombreux pays, et le Fonds monétaire international, sont au contraire préoccupés par l’utilisation des crypto-monnaies, de leur manque de contrôle et de transparence.

Le Salvador est devenu en septembre le premier pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale, aux côtés du dollar américain. Le Salvador, malgré la forte volatilité du bitcoin, a déclaré qu’il assurerait une équivalence avec le dollar. Le bitcoin n’étant pas fluide pour les transactions quotidiennes, le Salvador a créé un portefeuille numérique pour les faciliter, à l’image de l’application mobile utilisée par un village touristique dans le pays, créée avec l’aide d’un mystérieux financier californien.

Une agence de régulation de transaction électronique est créée, chargée également de gérer des guichets automatiques dans le pays, sans plus de détails pour le moment. Les citoyens pourront payer leurs impôts en bitcoins.

Cependant, les crypto-monnaies peuvent aussi être utilisées pour l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent ou le financement d’activités illégales. Le communiqué mentionne qu’une législation contre la cybercriminalité sera adoptée ultérieurement.

La Centrafrique est l’un des pays les plus pauvres du monde, actuellement en proie à une guerre civile depuis 2013. Les autorités ont récemment pris leurs distances avec la France et les pays occidentaux et se sont rapprochées de la Russie, qui a finalement décidé en début d’année de ne pas interdire l’usage des crypto-monnaies. Les observateurs pensent qu’elles peuvent être un moyen pour Moscou de contourner certaines des sanctions financières imposées en raison de la guerre en Ukraine et d’avoir accès au dollar. La Russie a dépêché les paramilitaires du groupe Wagner pour aider les autorités centrafricaines à repousser les rebelles.

« Cette loi est une manière de sortir du franc CFA par un moyen qui vide de sa substance la monnaie commune » a annoncé Martin Ziguélé, ancien Premier ministre aujourd’hui député de l’opposition. Le franc CFA est une monnaie régionale africaine soutenue par la France et liée au cours de l’euro. « Cette démarche interroge : à qui profite le crime ? », a‑t-il ajouté.

Dans un pays de 4,8 millions d’habitants, seul 10 % de la population utilisait Internet en 2020, selon l’Union internationale des télécommunications. De plus, il n’y a que 38 abonnements de téléphones portables ou téléphones prépayés pour 100 habitants, alors qu’ils sont souvent un moyen d’introduire un système bancaire et de réduire l’exclusion financière dans les pays en développement. Si le communiqué fait état des transactions électroniques, elle ne fait aucune mention des mesures qui faciliteraient les achats du quotidien.

Le bitcoin peut donc avoir cours légal en République centrafricaine, mais il ne sera utilisé que par une petite partie de la population.

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.